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Les Analouises Sportives
26 août 2020

Ça Démare fort!

Ça Démare fort !

 

 Grand-Champ, Morbihan, 23 août 2020

 

C’est  dans une ambiance digne du Tour de France que la fine fleur des coureurs cyclistes français s’est élancée sur le parcours de 238km de ces championnats de France Elite de cyclisme.

Presque tous, à l’exception notable de Thibaut Pinot, avaient coché cette case sur leur calendrier si chamboulé par la pandémie. La plupart des coureurs avaient fait leur rentrée quelques semaines avant (la Route d’Occitanie pour Lilian Calmejane et Romain Bardet, Milan-San Remo pour Alaphilippe, Milan-Turain pour Arnaud Demare, ou encore le Tour de Pologne pour d’autres). Après un Criterium du Dauphiné d’une exigence et d’une compétitivité remarquable et à 1 semaine du Tour, la course promettait du spectacle. Et nous n’avons pas été déçus.

 Dans les favoris, on retrouvait évidemment Julian Alaphilippe (Deuceunick-Quickstep), vainqueur sortant mais tout de même 2ème sur le monument Milan-San Remo le 8 août dernier. Accompagné par Florian Sénéchal comme seul équipier, le duo faisait cependant pâle figure face aux 16 coureurs de la Groupama FDJ.Egalement, Warren Barguil (Arkea Samsic), tenant du titre, était un sérieux prétendant pour un doublé puisqu’il partait sur un parcours « home-made » : en bon breton, cet amoureux de la pêche sillonne ces routes depuis son enfance. Mais surtout, Arnaud Démare (Groupama FDJ) : tenant la forme de sa vie depuis le début de saison, vainqueur au sprint de Milan-Turin puis du Tour de Wallonie, le Picard entendait bien laisser raisonner la marseillaise dans ses oreilles une 3ème fois après 2014 et 2017. Aligné avec le bulldozer FDJ, pour qui le maillot bleu-blanc-rouge est presque aussi important qu’un maillot jaune ou arc-en-ciel, le sprinteur portait l’étiquette d’archi-favoris.

 Ce parcours avait la particularité d’offrir plusieurs scénarios de fin : une arrivée au sprint, ou bien une explication entre puncheurs s’ils arrivaient à s’échapper dans la bosse à quelques kilomètres de l’arrivée. Les échappées, parties dès les 1ers kilomètres de la course, firent de ces championnats une course dynamique et agréable à suivre. Constituées de coureurs aguerris comme Pierre Rolland, les AG2R ou la team Total Direct Energie  et bien fournies (jusqu’à 15 coureurs), celles-ci ne glanèrent cependant rarement plus d’une minute sur le peloton malgré de nombreuses relances. Comme prévu, la course fut verrouillée et contrôlée du début à la fin par la FDJ qui souhaitait placer Démare dans le sprint. Dans ce peloton de toutes les couleurs, l’armada bleu-blanc-rouge faisait figure de proue.

                                                                    Arnaud Démare, au centre, lève le poing

Pourtant, à 10km de la ligne d’arrivée, la course fut dynamitée par Florian Sénéchal (Deuceunick-Quickstepp) qui  déboita un long effort, Romain Bardet sautant dans sa roue, pour rejoindre l’échappée à 45sec du peloton. Celle-ci fut rattrapée quelques minutes plus tard par le peloton, la FDJ veillant au grain avec de puissants coups de pédales.C’est ensuite ce même Florian Sénéchal, impérial, qui durcit brutalement le rythme de course à environ 5km de l’arrivée, provoquant la cassure du peloton. En bon équipier, il emmena avec lui Alaphilippe qui put ensuite produire son effort pour se lancer seul vers l’arrivée.Cependant, Démare était aux aguets : il grimpa la côte avec Bryan Coquard sans suivre Alaphilippe, mais sans le lâcher non plus. Au sommet de cette fameuse bosse de fin, le podium était fait, restait à attribuer les places aux 3 coureurs rescapés de cette attaque.

Coquard refusa de prendre des relais, et c’est donc à la seule force de ses jambes que le coureur de la FDJ ramena le duo à hauteur du puncheur français. Alaphilippe tenta une fois de plus de semer les 2 coureurs, mais encore une fois, Démare épata par sa capacité à suivre le rythme du puncheur.En voyant le trio se diriger vers la ligne d’arrivée, la question était de savoir si Arnaud Démare avait épuisé ses forces à suivre Alaphilippe, ou s’il avait encore les jambes pour sprinter. C’est le coureur de la Deceunick-Quickstep qui lança le sprint de derrière. Le match, attendu avec des plus en plus d’envie au long de la course, entre les 2 grands leaders actuels de l’équipe de France se déroulait sous nos yeux : coude à coude, langue tirée et tête baissée, Alaphilippe et Démare fonçaient vers la ligne d’arrivée, Coquard juste derrière.C’était pourtant bien Démare le plus fort. Il passa devant Alaphilippe et tout ce que Bryan Coquard revu de lui fut sa roue arrière.

Les poing en l’air, il hurla la rage et la pression qui avaient écrasé ses épaules tout au long de la course, suivi de Bryan Coquard en 2ème position puis de Julian Alaphilippe à la 3ème place, battu par plus fort que lui aujourd’hui. Derrière, les AG2R avec Romain Bardet furent placés dans le top 10, échouant de quelques secondes à rattraper le trio dans les derniers kilomètres pour placer leur sprinteur Clément Venturini (4e). Warren Barguil finit en 27ème position, à 58’’ de la tête de course.

 

On ne peut qu’applaudir la forme mais aussi l’intelligence de Démare (les courses de championnats étant les seules sans oreillette) pour avoir gardé son calme lors des attaques d’Alaphilippe et maitrisé la course de bout en bout. On peut saluer la stratégie de Bryan Coquard, sautant dans les bonnes roues tout en s’économisant pour jaillir au sprint. Et on peut admirer le panache d’Alaphilippe, ayant tout mis en œuvre pour semer Arnaud Démare et ses 15 équipiers.

C’est en tous cas une saison française qui démarre sur les chapeaux de roues !

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